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chante ils se donnèrent publiquement des témoignages d’affection, commandés en quelque sorte par leurs dissentimens antérieurs. Polvérel s’empressa de publier son adhésion formelle à toutes les mesures prises par son collègue. Il répondit aux lettres qu’il avait reçues de la municipalité du Port-au-Prince, pour justifier les mesures qu’ils allaient employer contre les factieux qui paraissaient la dominer.


Décidés enfin à agir vigoureusement pour les réduire, ils réunirent environ douze cents hommes, presque tous des citoyens du 4 avril[1]. La ville de Saint-Marc et ses environs en fournirent un détachement. Bauvais, déjà sorti du Port-au-Prince avec ses frères, en amena un autre de Léogane. Le vaisseau l’America, les frégates la Fine et l’Astrée, et la gabarre la Normande étaient à Saint-Marc : une partie des troupes fut transportée jusqu’à l’Arcahaie où elle débarqua pour se joindre à celles qui allaient par terre, sous les ordres de Lasalle. Les commissaires montèrent à bord de l’America.


De son côté, la ville du Port-au-Prince avait beaucoup plus de forces à leur opposer ; mais la peur sema la division parmi ses habitans. Les factieux avaient fait réparer les fortifications depuis un mois, par de nombreux esclaves : elles étaient garnies d’une artillerie considérable, tant du côté de la terre que du côté de la mer. Les anciens canonniers de Praloto y étaient encore, et

  1. « C’est ainsi qu’on désignait alors les hommes de couleur, par une expression heureuse qui confondait, pour ainsi dire, leur existence politique avec leur existence naturelle. » Note de Garran, tome 3 du Rapport, page 318.