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de Pinchinat démontrent le contraire : « Ce fut en vain, dit-il, que nous lui représentâmes combien une pareille opération était injuste, et préjudiciable à la cause de la liberté : tous nos efforts furent inutiles. »

Remarquons encore que les termes de la proclamation de Sonthonax où il accusa les colons de ces enrôlemens d’esclaves qui provoquent la ruine du système colonial, et le dispositif de son article 2 où il annonce l’intention de marcher contre les esclaves révoltés du Cul-de-Sac, excluent tout projet de sa part de préparer leur affranchissement.


Mécontens et irrités des préparatifs que Sonthonax faisait à Saint-Marc contre le Port-au-Prince, les blancs de la plupart des communes de l’Ouest refusèrent d’y prêter leur concours. Les communes de Jacmel, des Cayes-Jacmel et de la Croix-des-Bouquets prirent ouvertement la défense du Port-au-Prince, par leurs actes où elles protestèrent contre le commissaire civil. La commune du Port-au-Prince elle-même et son club firent publier des diatribes contre lui : ils invitèrent les paroisses de l’Ouest à se rallier à cette ville pour sa défense. La municipalité fut plus modérée ou plus adroite. Elle envoya à Saint-Marc une députation qui porta une adresse à Sonthonax. Elle écrivit plusieurs lettres à Polvérel, pour le prier de conjurer les maux que préparait son collègue contre le Port-au-Prince, en l’invitant à venir dans son sein. B. Borgella prenait ainsi ses précautions contre toutes les éventualités. On va voir qu’elles lui servirent à merveille.

Mais déjà, Polvérel était arrivé à Saint-Marc où il rejoignit Sonthonax. Leur entrevue fut cordiale et tou-