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« On se plaint d’enlèvement et d’enrôlement d’esclaves ; il est de votre devoir, citoyens, de vous opposer à toute espèce de violation de la loi, et surtout à celle qui devient un attentat aux propriétés.

Je vous enjoins, en conséquence, d’employer toute l’autorité dont vous êtes revêtus, pour rassurer tous les citoyens paisibles, et faire rendre aux maîtres, tous les individus qui depuis ces derniers jours ont été soustraits à leur autorité. »

La municipalité obéit à cette invitation, en faisant seulement défense aux maîtres de maltraiter aucunement les esclaves qui avaient été enrôlés. Son arrêté à cet effet fut rendu le 12 mars également.

C’est à tort, selon nous, qu’à cette occasion et dans sa réponse, Pinchinat accuse Sonthonax d’avoir voulu servir les intérêts des maîtres : il pouvait simplement l’accuser d’inconséquence, s’il est vrai qu’il autorisa, comme l’affirme Pinchinat, cet enrôlement d’esclaves. Par sa proclamation ci-dessus rapportée, Sonthonax fut encore contraint de blâmer les factieux du Port-au-Prince, pour avoir enrôlé des esclaves sous le nom d’africains et soulevé ceux de la plaine du Cul-de-Sac. À moins de commettre une nouvelle inconséquence, il ne pouvait approuver ce qui se passait dans cette ville rebelle, lorsqu’il déférait à Saint-Marc aux réclamations des propriétaires.

Nous saisissons cette circonstance pour faire remarquer qu’il n’est pas vrai, comme on l’a cru, que les hommes de couleur et particulièrement Pinchinat, exerçaient une grande influence sur Sonthonax : à peine si Polvérel lui-même pouvait en exercer sur cet esprit absolu. Le fait que nous citons et les passages de l’écrit