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chinat seul, en effet, pouvait opérer, s’il était besoin, leur retour à des sentimens convenables pour les commissaires civils, en annulant l’influence de Savary aîné. Avant de quitter le Cap, Sonthonax chargea la commission intermédiaire et le général Laveaux, de la police de cette ville.

Informé du lieu où se tenaient Roi de la Grange et Decoigne, il envoya la gendarmerie pour les arrêter. Decoigne fut tué en se défendant ; mais Roi de la Grange réussit à se sauver et à se rendre à la Jamaïque.


Prévoyant que la réunion des commissaires civils serait fatale à leurs vues d’indépendance, les factieux du Port-au-Prince, dirigés par Borel et B. Borgella, en renonçant à leur projet de confédération, par suite de la proclamation de Polvérel, conçurent un nouveau plan : celui de la formation d’une nouvelle assemblée coloniale. Pour masquer ce plan, la municipalité du Port-au-Prince arrêta que la nomination des députés à la convention nationale se ferait incessamment. Elle adressa de son chef, sans autorisation des commissaires civils qui seuls en avaient le droit, son arrêté à cet effet, à toutes les communes de l’Ouest : elle les invita en même temps à nommer leurs députés à l’assemblée coloniale, pour se réunir à ceux du Port-au-Prince, le 10 mars, à Léogane.

Mais Polvérel, avisé de cette mesure, s’y opposa de nouveau. Il rendit une proclamation où il invitait la commune de Léogane de dissoudre toute réunion de soi-disant députés, comme attroupement séditieux. Les hommes de couleur étant en grand nombre à Léogane, cette proclamation fut exécutée ; et les députés du Port-au--