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lement sans l’aveu, mais encore contre le vœu des autorités déléguées par la nation, serait un attentat manifeste à la souveraineté de la République française : » cet acte se terminait par faire les mêmes défenses aux commissaires qui auraient reçu de tels pouvoirs, le tout « sous peine d’être réputés perturbateurs du repos public, coupables du crime de lèse-nation et de désobéissance aux ordres émanés des commissaires nationaux civils, poursuivis comme tels et soumis aux peines portées par les lois du 4 avril, 22 juin, 11 et 17 août 1792 ; » c’est-à-dire, sous peine d’être mis en état d’arrestation, d’être traduits en France, sous l’accusation du crime de haute trahison, et d’être enfin déclarés traîtres à la patrie.

Toutefois, toujours porté à la modération qui était le fond de son caractère, Polvérel finissait sa proclamation en disant que « rendant justice à la pureté des intentions des deux municipalités du Port-au-Prince et de la » Croix-des-Bouquets, qui n’avaient erré que par l’ignorance où elles étaient des lois françaises, jusqu’à présent peu connues dans la colonie, » il approuvait la fédération (et non la confédération) en tout ce qui n’avait pour objet que des vues de fraternisation. Il exprima même le regret qu’il aurait de ne pouvoir aller occuper une place dans cette fête de famille, si les affaires publiques le retenaient dans le Sud.

Les conspirateurs se tinrent pour avertis. Ils ne donnèrent point suite à cette prétendue fête de famille, mais ils n’eurent pas moins une réunion pour s’entendre et se concerter[1].

  1. « Tous les citoyens de l’Ouest se sont réunis au Port-au-Prince… C’est de cette assemblée-là que Sonthonax a fait sortir sa proclamation du 21 mars.