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aux Cayes ne céda point ; mais Cayeman ne fut point jugé.


En revenant de Jacmel au Port-au-Prince, il avait engagé la municipalité de cette ville à écrire à celle de Jacmel, pour essayer de ramener les blancs à de meilleurs sentimens que ceux qu’ils lui avaient montrés, et à la soumission à la loi du 4 avril, en admettant parmi eux les hommes de couleur. La municipalité adressa cette lettre, il est vrai, mais elle ne faisait qu’indiquer la nécessité de temporiser jusqu’à des temps plus favorables. Sa lettre se terminait par cette phrase significative : « Agissez avec prudence ; mais ayez toujours devant les yeux la situation de la colonie et l’esprit dominant et effrayant de là France. »

Polvérel lui ayant demandé l’explication de cette phrase, la municipalité lui répondit que c’était à cause des craintes qu’avaient les colons, que la convention nationale ne prît la résolution de donner la liberté aux esclaves. En lui répliquant à ce sujet, Polvérel lui dit que les colons avaient tort de s’alarmer du projet attribué à la métropole ; que la République française ne serait pas le premier peuple libre qui aurait conservé des esclaves ; et il cita Sparte, Rome et diverses autres républiques anciennes qui en possédaient.

Il aurait pu citer aussi la République fédérative des États-Unis qui en conserve encore de nos jours, en dépit detoutes ses déclarations en faveur des droits de l’homme. Sur son territoire, les blancs seuls sont des hommes.

Mais le fait est, que la municipalité du Port-au-Prince entendait parler dans sa lettre, des hommes de couleur dont elle voulait la perte, de concert avec le club. Elle