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dirigeait les intérêts municipaux. Mais sa qualité de grand planteur en faisait nécessairement un homme intéressé au maintien des prérogatives que s’attribuaient les colons de Saint-Domingue, pour perpétuer l’esclavage des noirs, et l’avilissement des hommes de couleur, comme conséquence de l’esclavage.

Afin de mieux masquer leurs vues ultérieures, les blancs du Port-au-Prince nommèrent, comme membres de la municipalité, un des Chanlatte, mulâtre, qui était le frère aîné d’Antoine Chanlatte, capitaine général de la garde nationale de Saint-Marc, et père de Juste Chanlatte, major général de celle de l’Arcahaie, dont nous avons parlé. Borno, autre mulâtre, en était membre également[1].


La correspondance suivie alors entre les agitateurs du Port-au-Prince et ceux du Cap, mettait un tel concert entre eux, dans leur vue de proscription contre les commissaires civils et les hommes de couleur, que le même jour où on attaquait ces derniers au Cap, pour empêcher leur admission aux grades militaires, le 2 décembre, les blancs du Port-au-Prince déchaînaient contre eux quelques-uns des nègres esclaves qu’ils avaient organisés, un an auparavant, en compagnies connues sous le nom d’africains. Trois de ces nègres nommés Cayeman, leur chef originaire, Painchina et Fontaine, suivis de plusieurs autres, attaquèrent des hommes de couleur dans les rues : c’étaient les nommés Bois, Louis Pasquier dit Bonhomme, Jean-Baptiste Bara et Cazimir Mercier[2] :

  1. Débals, t. 7, p. 291.
  2. Louis Pasquier a été longtemps employé à la douane du Port-au-Prince ; Cazimir Mercier est mort chef de bataillon d’artillerie. Jean-Baptiste Bara