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préparée par les agitateurs du Cap qui correspondaient avec ceux du Port-au-Prince. Au Cap, ils avaient agi de même ; leur projet était de s’unir pour expulser les commissaires civils et détruire les hommes de couleur qu’ils protégeaient, en vertu de la loi du 4 avril. Tel avait été le but de la faction Léopardine, dans les agitations survenues au Cap, en novembre et décembre 1792.

Voyons quels moyens furent mis en usage au Port-au-Prince.

On a vu les commissaires civils favoriser au Cap le rétablissement du club fermé précédemment par l’assemblée coloniale et rouvert par elle après leur arrivée. On a vu Polvérel et Ailhaud tenter d’en former un semblable à Saint-Marc, et contrariés dans leurs vues par Decoigne et Roi de la Grange, qui dirigeaient les contre-révolutionnaires de cette ville. Au Port-au-Prince, ils autorisèrent la réouverture de celui qui avait été fermé par Roume et Blanchelande. Ce club prit la même dénomination que celui du Cap, — des Amis de la convention nationale.

Polvérel, avec les vues les plus honnêtes et les plus patriotiques, voulant, comme Sonthonax, favoriser la diffusion des principes révolutionnaires, n’était pas exempt de cet esprit systématique qui porte à persévérer longtemps dans une idée, jusqu’à ce qu’on soit éclairé par l’expérience. Il croyait alors pouvoir diriger ces clubs au bien qu’il désirait obtenir ; il obéissait du reste aux idées qui prévalaient dans la mère-patrie, par les succès obtenus par le club des Jacobins en faveur de la révolution. Il était tellement dominé par ces idées, qu’il désapprouva Sonthonax d’avoir fermé