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vérel lui-même et à le déporter. Mais sa fermeté leur en imposa : le greffier dut obéir. Il fit ensuite arrêter et déporter trois autres agitateurs qui s’étaient le plus fait remarquer à cette occasion.


Dans ces circonstances, après de vaines tentatives faites pour combattre les insurgés, Polvérel quitta la ville des Cayes pour se rendre dans l’Ouest : il y retourna seul, en s’embarquant, le 19 mars 1795, sur la frégate la Fine. Les nègres insurgés, rendus furieux par les massacres opérés sur leurs malheureuses femmes, leurs enfans et leurs vieillards, incendièrent les habitations de la plaine et commirent tous les ravages possibles, pour se venger de ces atrocités. La postérité impartiale peut-elle les blâmer ?


Remarquons encore ici que c’était à tort qu’on accusait les commissaires civils d’être porteurs d’instructions pour préparer l’émancipation générale des esclaves. Nous avons cité tout au long celles qu’ils reçurent du roi, d’après la loi du 4 avril : aucune autre autorité ne pouvait leur en donner de particulières ; et certes, ces instructions ne font nullement pressentir le projet de la liberté générale. Il faut convenir en outre, que c’aurait été de leur part une étrange manière de préparer ce grand acte de justice, — que de débuter par les déclarations que nous avons signalées, et ensuite de faire combattre les noirs insurgés dans le Nord et dans le Sud, comme cela avait lieu en même temps des deux côtés. Car tandis que Laveaux, par les ordres de Sonthonax, poursuivait ceux du Nord, Harty, par les ordres de Polvérel, attaquait ceux du Sud qu’il dispersait en mas-