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missaires publièrent à cet effet une proclamation pour appeler autour d’eux les patriotes soumis aux lois. Les hommes de couleur parurent se ranger de leur côté ; mais ayant alors ordonné l’arrestation de Decoigne et de Roi de la Grange, A. Chanlatte leur déclara l’impossibilité d’exécuter cet ordre. Ils requirent alors les commandans des frégates l’Astrée et la Sémillante de leur prêter main-forte ; voyant ces dispositions, ces deux factieux se sauvèrent. On arrêta un de leurs émissaires qui eut l’insolence d’annoncer qu’ils ne tarderaient pas à revenir en force.

En effet, le lendemain de cette agitation tumultueuse, on apprit que les nègres des hauteurs de Saint-Marc s’étaient soulevés, en commettant des excès ; ce mouvement s’étendit bientôt dans la commune de l’Arcahaie. On eut lieu de croire qu’ils y avaient été excités par Decoigne et Roi de la Grange. Pour apaiser ces troubles, A. Chanlatte dut leur promettre de leur accorder un jour franc de travail par chaque semaine.

La ville de Saint-Marc, néanmoins, resta entièrement sous l’influence des royalistes contre-révolutionnaires.


Polvérel et Ailhaud, ne pouvant obtenir le concours des hommes de couleur pour abattre l’influence des royalistes, se décidèrent à partir pour le Port-au-Prince. Dès qu’ils se furent éloignés, Decoigne, quoique fugitif, poussa ses partisans à l’organisation d’une nouvelle confédération à Saint-Marc contre l’autorité de la commission civile. Il écrivit une lettre à cet effet, où il citait celle de Cougnac-Mion, de Londres, par laquelle ce colon avait dénoncé les commissaires comme venant à Saint-Domingue pour préparer l’affranchissement général des