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papiers qui leur restaient, sur lesquels on apposa les scellés, par les démarches de Victor Hugues, colon, ancien habitant de Saint-Domingue. À leur arrivée à Paris, ils furent arrêtés et emprisonnés, à l’instigation de Page et Brulley et par ordre du comité de sûreté générale. Ils ne se laissèrent point abattre par cet acte : ils firent une adresse énergique à la convention, le 14 pluviôse. Le 15, ils furent élargis et se présentèrent à la convention qui les admit à siéger dans son sein, sur un rapport favorable à leur élection : c’étaient, en ce moment, Dufay, Mills et J.-B. Belley, arrivés les premiers.

Le 16 pluviôse, Dufay lut un compte-rendu sur la situation de Saint-Domingue. Il y dévoila les causes de la révolution dans cette colonie, en démasquant les colons, auteurs de tous ses maux ; il parla de la conduite des hommes de couleur dans la revendication de leurs droits, de celle des esclaves dans leur insurrection, de l’affaire de Galbaud, de la ruine du Cap occasionnée par la révolte de ce contre-révolutionnaire, colon lui-même, et de toutes les circonstances qui suivirent cette révolte ; de la nécessité où se trouvèrent Polvérel et Sonthonax, de prononcer les premiers affranchissemens, et enfin des dangers qu’eût présentés la situation de la colonie, si Sonthonax n’eût pas prononcé la liberté générale des esclaves le 29 août. Cette lecture fît une profonde impression sur la convention nationale.

« Vous serez convaincus, j’espère, dit Dufay, que c’est la force des événemens qui a amené ensuite, qui a entraîné la grande mesure de la liberté dans la partie du Nord, comme le seul port de salut pour conserver la population blanche, et même les citoyens du 4 avril. La plupart des esclaves de la partie du Nord étaient soulevés de-