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Polvérel adressa une lettre à Rigaud, en date du 11 juin. Sonthonax en adressa une pareille à Laveaux : ce sont les expressions dont il se servit dans les Débats[1]. Nous avons sous les yeux les passages les plus importans de la première, dont lecture a été donnée aux Débats par Sonthonax lui-même, qui se contenta, a-t-il dit, de la lire. Nous regrettons qu’il n’ait pas donné lecture de la sienne ; car nous pourrions aujourd’hui la juger avec la même équité, la même impartialité que nous allons mettre dans l’examen de celle de Polvérel. De l’examen de sa lettre à Laveaux eût pu sortir l’explication de faits subséquens, comme il va en sortir de celle de Polvérel. Tout se lie dans l’histoire des peuples. Sonthonax, par son fait, nous contraindra à des conjectures qui ne seront peut-être pas à son avantage, parce que nous les formerons d’après ses procédés antérieurs, d’après l’état de son esprit et de ses sentimens dans cette actualité : nous les formerons encore d’après la conduite qu’il a tenue dans sa seconde mission.


Jacmel, 11 juin 1794.
Polvérel à André Rigaud, commandant du Sud et des quartiers y annexés.

Ce n’est plus le commissaire civil qui vous écrit ; Sonthonax et moi sommes rappelés en France ; nous partons sur la corvette de la république, l’Espérance, qui est arrivée le 8 de ce mois à Jacmel ; il est probable que nos successeurs arriveront bientôt.

En attendant, c’est sur vous seul, mon cher Rigaud, que reposent dans votre département le salut de la colonie et de la défense de la liberté et de l’égalité : je suis tranquille sur ce département, parce que je vous connais intrépide et loyal républicain. Je suis aussi tranquille sur le Nord.

  1. Tome 8, p. 343.