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quer la défection d’une partie de la légion, sous les ordres de Blaise, chef de bataillon, et de beaucoup d’hommes de couleur.

En effet, dans la journée du 2 juin, Montbrun lui-même se réunit à Martial Besse et à J. Boyé, pour engager les deux commissaires à sortir de la ville et à se porter au poste de Néret, à une forte lieue de là, pour ne pas être exposés dans une attaque qu’ils présumaient devoir être tentée par les Anglais. Ils s’y retirèrent. D’après Sonthonax, ils seraient sortis du Port-au-Prince à dix heures du matin. Bauvais, forcé d’abandonner la Croix-des-Bouquets, vint les y joindre avec son détachement de la légion. Montbrun déclare n’être sorti de la ville que le 3, à six heures du soir, sur l’ordre des commissaires civils.

Dans cette journée du 3, les blancs de la ville, réunis à Blaise, au fort Saint-Joseph, envoyèrent des députations aux Anglais dans la rade, et à Lapointe et H. de Jumécourt, du côté de la plaine, pour les inviter avenir prendre possession du Port-au-Prince, incapable de toute défense : le fort fut bientôt occupé par les Anglais et leurs auxiliaires. Dans la soirée, Martial Besse et J. Boyé abandonnèrent la ville, avec la portion de la légion de l’Ouest restée fidèle à ses drapeaux.

On remarquera que les Anglais ne canonnèrent point la ville ni aucun autre fort que celui de Bizoton où était Montbrun, qu’ils ne combattirent que là. Ils comptaient trop sur les intelligences qu’ils avaient pratiquées, pour livrer le Port-au-Prince aux horreurs d’une canonnade et exposer les navires qui étaient dans le port, chargés de denrées, à être brûlés.

Le 4 juin, au jour, les deux commissaires civils, accompagnés de Martial Besse, Bauvais, A. Chanlatte, J. Boyé,