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son influence sur Hyacinthe, également mis en liberté par Sonthonax. Cependant, nous remarquons dans le cinquième volume des Débats, page 5, que Sonthonax affirma que H. de Jumécourt ne fut mis en liberté qu’après la prise de cette ville.

Le 8 mars, ce commissaire civil, convaincu de l’impossibilité de la conserver à la France, dans la pénurie où elle se trouvait de munitions, d’armes, d’objets de toute nature, avec le peu de forces dont il disposait, avait écrit une lettre à Rochambeau, alors gouverneur général des Iles-du-Vent, où il lui retraçait cette triste situation, celle de Laveaux au Port-de-Paix, et celle de Polvérel, alors aux Cayes. « Déjà, disait Sonthonax, ils ont fait (les Anglais) deux tentatives pour enlever le Port-au-Prince, et deux fois ils ont été repoussés ; mais, comme le prestige du charlatanisme ne dure pas longtemps, et que la résistance sans force réelle a un terme, je serai forcé de tout abandonner si la France ne vient à notre secours. Deux vaisseaux de ligne sont stationnaires dans notre rade avec plusieurs frégates et des bâtimens de transport. Ils attendent un mouvement favorable en ville pour descendre et pour canonner. »

Sonthonax n’avait donc pas foi dans la résistance, dans les moyens dont il disposait. Les Anglais revinrent bientôt après avec des forces plus considérables, ils s’emparèrent du Port-au-Prince ; mais comme il fallait que quelqu’un en fût cause, c’est Montbrun qui devint le bouc émissaire. Il paya cher son triomphe sur Desfourneaux !

Les Anglais, avant de reparaître devant le Port-au-Prince, avaient fait circuler des lettres de Valentin de Cullion, un des assassins de Ferrand de Baudières, et de Jean Suzanne de Léaumont, deux colons qui avaient fait partie