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jours à la vanité humaine : Toussaint Louverture n’échappa pas à cette faiblesse, non plus que d’autres.

Ainsi, Dubroca le représente comme ayant concerté avec Jean François l’arrestation de Biassou, et de s’être rangé sous le drapeau français, lorsqu’il apprit les succès de la République en Europe. Pamphile de Lacroix, qui adopte la date de sa soumission au 25 juin, y donne un autre motif. Selon lui, ce sont les discussions qui eurent lieu au parlement de la Grande-Bretagne, concernant l’émancipation des esclaves, qui auront fait comprendre à Toussaint Louverture qu’il y avait plus de bonne foi de la part de la France, dont les agens avaient proclamé cette émancipation, confirmée par le décret du 16 pluviôse an II. Tous ces ouvrages s’accordent sur la circonstance de la communion qu’il fît avant d’abandonner les Espagnols, pour mieux les tromper sur ses intentions. Selon nous, Toussaint devait souvent remplir cet acte de dévotion, à cause de son hypocrisie bien connue ; et s’il l’a fait en dernier lieu, c’est sans doute au moment qu’il quittait Saint-Raphaël pour se rendre à la Marmelade ; là encore il a pu communier de nouveau, avant de tendre à Don Cabrera le piège dont parle le document du 4 avril. Cette circonstance nous paraît d’ailleurs peu importante, bien qu’on attribue au marquis d’Hermona ou d’Armona d’avoir dit à ce sujet : « Non, Dieu, dans ce bas monde, ne saurait visiter une âme plus pure ! »

Nous renvoyons nos lecteurs aux Mémoires sur la vie de Toussaint Louverture, publiés par son fils Isaac, et au livre qu’a publié récemment notre compatriote Saint-Rémy, pour connaître l’origine royale de cet homme remarquable. Pour nous, qui n’avons aucune foi dans l’influence d’une pareille tige, sur la destinée des hommes