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portait sous les Espagnols ; mais bientôt après, il ne prit que celui de commandant général du cordan de l’Ouest, ce commandement lui ayant été donné par le gouverneur général. Ce titre nouveau ne détruisait pas l’autre et le réservait pour l’avenir. À la même époque, deux blancs, Pageot et Lesuire, étaient des adjudans-généraux, comme Montbrun ; Bauvais, Rigaud, Villatte, A. Chanlatte, Martial Besse étaient colonels. Il paraît que Laveaux qualifiait aussi Toussaint Louverture de colonel, et qu’en informant la commission civile de sa soumission, il demanda à celle-ci quel grade il devait lui reconnaître dans l’armée. Sonthonax félicita le nouveau converti, sans lui donner un titre militaire[1].


Nous avons sous les yeux divers ouvrages publiés sur Toussaint Louverture, assignant tous à sa soumission des motifs erronés. Ils ne sont tous que la répétition de la brochure de Dubroca, imprimée en 1802, fixant cette soumission au 25 juin 1794. Nous ne pensons pas qu’avant nous, personne ait eu connaissance des documens tirés des archives de Santo-Domingo, qui donnent un si grand jour à ce fait, en les rapprochant du rapport de Garran, du document provenant des archives générales de France, et du compte-rendu et du discours du général Laveaux. Du reste, c’est ce qui arrive assez souvent à l’égard de tout homme qui, dans des temps révolutionnaires, parvient à prendre une position éclatante. Plus il y obtient du succès, plus l’imagination s’ingénie à trouver des causes extraordinaires à sa subite élévation ; lui-même finit par se prêter à ce jeu qui, naturellement, plaît tou-

  1. Vie de Toussaint Lonverture par M. Saint-Rémy, p. 121.