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Sonthonax, par son imprudence, nous dirons même sa légèreté, à s’engager ainsi, à ne reculer devant aucun expédient pour se tirer d’une mauvaise situation, a vu traiter Polvérel, plus attaché aux principes, avec plus d’estime et de considération par les colons, par les hommes de couleur et même par les noirs émancipés. Il en contracta une sorte de jalousie contre son collègue, une irritation contre tous les partis qui existaient à Saint-Domingue, qui lui firent commettre de grandes fautes.


Après avoir publié sa proclamation, dans la nuit du 5 au 6 décembre, Sonlhonax fît arrêter les principaux meneurs du club qui avaient paru à la tête des blancs, marchant contre les hommes de couleur : c’étaient Verneuil, Gervais, Fournier et Baillio. Il les fît embarquer avec quelques factieux du régiment du Cap. Quoique encore malade, Rochambeau opéra lui-même ces arrestations.

Ce fut alors que les hommes de couleur consentirent à rentrer au Cap : Sonthonax avait envoyé Pinchinat auprès d’eux à cet effet[1]. Leur retour dans cette ville fut un vrai triomphe. Sonthonax et Rochambeau, suivis de la commission intermédiaire, de la municipalité et d’un grand nombre de citoyens sans armes, allèrent audevant d’eux. Pinchinat, à leur tête, jouissait du même honneur que Roume et Blanchelande avaient réservé à Bauvais et à Rigaud, lorsqu’ils se portèrent au-devant de l’armée des hommes de couleur pour leur rentrée au Port-au-Prince, dans les premiers jours du mois de juillet

  1. « Monsieur Pinchinat, leur frère, qui m’a beaucoup servi dans cette crise difficile, me remit une pétition dont ils l’avaient chargé. » — (Sonthonax rendant compte à la convention nationale,)