général dans sa relation de faits au gouverneur espagnol, prétend qu’il est indépendant de l’autorité de Biassou autant que de celle de Jean François, et qu’il ne relève que de celle du gouverneur et de ses délégués.
Toussaint avait placé des postes que Biassou a fait relever ; ce dernier veut contraindre les nègres non protégés par le Roi d’Espagne, à rentrer immédiatement sur les habitations de leurs maîtres, tandis que Toussaint a jugé que le moment n’est pas encore venu de mettre à exécution ce projet, par rapport au parti républicain qui offre la liberté générale, et que ce serait s’exposer à soulever tous ces nègres qui sont armés et qui pourraient entraîner dans leur révolte, tous les autres formés en troupes et qui s’imagineront que le même sort les attend.
Biassou et Toussaint sont divisés d’opinions à ce sujet ; c’est une question d’opportunité entre eux, sur une mesure qu’ils approuvent tous deux, que Biassou, incapable de combinaison politique, veut réaliser de suite, et que Toussaint, habile et perspicace, croit devoir ajourner jusqu’à un temps plus propice. Toussaint, évidemment, est un homme bien supérieur à Biassou.
Mais les blancs français, habitans planteurs, intéressés à la prompte solution de cette question, s’impatientent des délais qu’y met Toussaint, et élèvent des cris, des clameurs qui indisposent ce dernier contre eux.
Blancs, mulâtres et noirs doivent céder à ses vues, à ses idées quand il les a raisonnées ; la suite de sa vie politique le prouvera bien mieux encore : de là sa résolution d’armer ces esclaves, de les ranger dans ses troupes, en leur disant qu’ils seront libres, s’ils tuent les colons qui veulent les replacer, dans l’esclavage, et qui osent contrarier ses vues.