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traire en leur disant que le Roi ne manquait jamais à sa parole).

Le président (D. J Garcia) ayant permis à tous les émigrés de rentrer sur le territoire français conquis, ces mêmes personnes, impatientes et sans prudence, ont voulu et veulent de suite rentrer chacun dans leurs paroisses respectives, y établir des camps et faire rentrer tous les ateliers à travailler, désarmer tous les nègres qui le sont (armés). Pour y parvenir, ils se sont donné et donnent toutes sortes de mouvemens, et agissant et faisant agir, sans considérer que ce n’est pas encore le moment de mettre en exécution un pareil projet, par rapport au parti républicain qui existe encore dans la partie du Nord ; et que voulant le mettre en exécution, c’est s’exposer à soulever tous ces nègres armés qui ne sont pas du nombre de ceux que le Roi a pris sous sa protection, lesquels sont en grand nombre et qui, en nous tournant le dos, pourraient entraîner une grande partie de nos anciens (les protégés) qui, n’ayant pas toutes les connaissances suffisantes, s’imagineront que le même sort les attend

(Ici, Toussaint relate très-longuement les démarches de Biassou pour opérer ce désarmement et la rentrée des nègres sur les habitations de leurs maîtres ; que ces ni grès sont venus se plaindre à lui, menaçant de se soulever ; qu’il les a apaisés et maintenus dans l’ordre ; ce qui a irrité Biassou contre lui ; et que ce dernier a fait entendre aux émigrés (les colons) que c’est Toussaint qui s’oppose à leur bienêtre : enfin, il me peint, dit-il, comme un monstre et un scélérat dans l’esprit le tout le monde ; ; qu’il en a référé à Don Cabrera qui a tenté vainement de réconcilier Biassou et lui, Biassou s’y refusant obstinément ; qu’il avait demandé 300 hommes aux Gonaïves pour marcher contre Toussaint à la Marmelade ; qu’au moment où il écrit sa lettre du 20 mars, il est encore à Saint-Raphaël attendant Biassou depuis douze jours pour leur réconciliation ; qu’il a appris que ce dernier répand le bruit qu’il y est prisonnier, et qu’il est prêt à lui demander pardon de ses torts).

Non, jamais je ne me soumettrai ; et je dis que le général Biassou n’est point mon supérieur et qu’il ne l’a jamais été : et si je parus lui rendre compte de mes opérations, ç’a été pour le bien de la cause que nous soutenons, à l’effet d’éviter tout trouble et obéir à mes supérieurs, les représentans du Roi. Mais aujourd’hui, il ne m’est plus possible de rendre compte à un homme qui n’a toujours cherché que ma perte. C’est de M. le président et du commandant général que je recevrai des ordres. Tous les faits que j’avance sont connus de M. Don Armona et de M. Don Cabrera, qui sont ici pour se rappeler de tout le