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Mais les blancs de la ville, excités par les meneurs du club, s’adjoignirent quelques matelots des bàtimens de guerre et furent s’emparer de deux pièces de canon à l’arsenal : ils se réunirent alors au régiment du Cap et marchèrent contre les hommes de couleur, qu’ils attaquèrent en dépit des efforts de Laveaux, de Sonthonax et du colonel Dassas, à qui le commandement du régiment avait été déféré.

Le bataillon des hommes de couleur soutint le choc : mais ne pouvant lutter longtemps contre le nombre de leurs ennemis qui se grossissait à chaque instant, ces hommes se retirèrent à la Fossette et durent ensuite se porter au village du Haut-du-Cap, où ils s’emparèrent du parc d’artillerie[1].

Dans cet engagement, Sonthonax courut les plus grands dangers : deux officiers, Dassas et Joyeux, furent blessés à ses côtés, pendant qu’il s’efforçait courageusement d’empêcher cette action : elle se passa le 2 décembre. En rendant compte de cet événement à la convention, Sonthonax lui dit : « Je ne dois d’avoir échappé à la mort, qu’au soin que prirent les citoyens de couleur de me faire un rempart de leurs corps. »


Afin de détruire l’influence des meneurs qui occasionnaient ces troubles, et de combattre les calomnies qu’ils ne cessaient de répandre sur les intentions secrètes qu’ils lui prêtaient, de vouloir préparer l’affranchissement des esclaves ; au moment même où il se disposait à faire arrêter les principaux d’entre ces perturbateurs, Sonthonax

  1. La garde nationale des blancs formait cinq bataillons. Celle des hommes de couleur formait le sixième bataillon. Débats, t. 7, p. 59. Elle était commandée par Quérou, l’un d’eux