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core en mouvement par le fétichisme africain qui leur donnait toujours l’impulsion, et probablement cette fois dans le dessein de venger la mort d’Halaou, Daguin avait autant de droit à les prévenir, que Montbrun en avait eu pour terrasser le 48e régiment. L’énergie, l’intrépidité sont toujours convenables en présence d’un danger imminent.

Le fâcheux événement qui venait de se passer au Port-au-Prince, fit sentir à Polvérel la nécessité de son retour dans cette ville. Il nomma Bruno Blanchet, son délégué civil pour la province du Sud. Il quitta les Cayes aux ordres de Rigaud dont il ranima le patriotique dévouement ; et communiquant ses propres sentimens à tous les chefs militaires qu’il rencontra sur sa route, il arriva auprès de son collègue mécontent, le 9 avril. Il fut accueilli avec une respectueuse déférence, un chaleureux enthousiasme par Montbrun, Pinchinat et les autres hommes de couleur. Desfourneaux et le 48e régiment étant déjà partis, il n’y avait plus de cause de troubles au Port-au-Prince. Cette ville continua de jouir du calme qui succède aux orages politiques.

Toutefois, on ne peut admettre que Polvérel ne s’enquît pas des causes de la querelle entre Desfourneaux et Montbrun. S’il avait reconnu alors que les torts étaient du côté de ce dernier, ne l’aurait-il pas remplacé dans ses fonctions ? Loin de là, il l’y maintint.

Dès le mois de novembre 1793, en apprenant que Sonthonax, sans le consulter, avait nommé Laveaux, gouverneur général de Saint-Domingue, par la fuite de Lasalle, il avait désapprouvé cette mesure et nommé Rigaud, gouverneur général du Sud, et Montbrun, gou-