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la nécessité d’en ordonner la fermeture et d’empêcher à l’avenir tout rassemblement de la commune du Cap. Ce fut l’objet de sa proclamation du 30 novembre. Elle réfutait l’assertion, propagée par le club, d’un prétendu décret de l’assemblée nationale, d’après lequel cette assemblée, suivant les factieux, aurait défendu que les hommes de couleur fussent appelés aux charges d’officiers dans les troupes. C’était en propageant un faux décret attribué à l’assemblée constituante, que les partisans de l’assemblée générale de Saint-Marc, avaient réussi à révolter le régiment du Port-au-Prince contre Mauduit, son colonel, qui fut assassiné le 5 mars 1791.

Malgré cette proclamation du 30 novembre, les manœuvres employées par le club pour gagner toutes les troupes réussirent à pervertir le régiment du Cap, imbu du préjugé de la couleur par sa longue résidence dans la colonie. Ce régiment refusa de recevoir dans ses rangs un des trois officiers de couleur que Rochambeau voulait y placer. Il se rassembla en armes dans ses casernes ; il déclara à Laveaux, commandant de la place, qui s’y porta pour faire respecter les ordres de Rochambeau et de Sonthonax, qu’il obéirait à la loi, à l’exception de celle du 4 avril. Ces soldats disaient que le massacre des hommes de couleur était un sacrifice au bien de la colonie[1].

Sonthonax fut contraint d’ordonner des mesures militaires pour réduire ce corps et l’embarquer pour être renvoyé en France, s’il persistait dans sa désobéissance. Toutes les autres troupes de ligne présentes au Cap, et le bataillon des hommes de couleur, furent mis à cet effet à la disposition de Laveaux. En ce moment, Rochambeau était malade.

  1. Relation de Sonthonax à la convention nationale. Débats, t. 5, p. 195.