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Certes, Sonthonax n’usait là que d’un droit légitime, en retour de tant de moyens perfides qu’employaient les Anglais et les colons, pour séduire et corrompre ceux qui restaient dévoués à la liberté générale.


Le 2 février, les Anglais se portèrent une deuxième fois contre Tiburon, qu’ils réussirent à enlever des mains de Dartiguenave, après une résistance honorable. Cet officier, dont la bravoure fut un jour encore plus remarquée, perdit des hommes qui furent faits prisonniers par les Anglais.


Nous avons vu Polvérel faire arrêter dans l’Artibonite, les deux frères Guyambois qui étaient entrés dans le triumvirat royaliste du mois d’août. Ils étaient tous deux en prison au Port-au-Prince, avec leurs complices, ainsi que Hyacinthe. Dans ses défiances injustes contre la généralité des hommes de couleur, Sonthonax les fît mettre en liberté pour s’en faire des instrumens. Ecoutons Garran :

« Depuis les trahisons multipliées qui avaient eu lieu dans la province de l’Ouest, ses préventions pour les hommes de couleur s’étaient beaucoup affaiblies ; son affection qui, dans un caractère comme le sien, ne pouvait pas manquer d’avoir de l’influence sur ses déterminations politiques, se portait principalement du côté des nègres ; il est probable même que, dans ces derniers temps, il aurait donné plutôt sa confiance aux colons blancs qu’à ceux de couleur. Il fit mettre en liberté ce même Guyambois que Polvérel avait fait arrêter, comme chef de la conspiration qui tendait à soumettre la colonie à un triumvirat de nègres, en dépouillant tous les propriétaires. Sonthonax employa