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pouvoir, trop emporté, tantôt il ordonne à Laveaux de brûler, de ravager tout ; tantôt il avoue qu’il a pleuré de rage en signant ces ordres. Fier et énergique, audacieux même dans son exaltation pour la liberté, tantôt il est prêt à tout oser, à tout entreprendre, tantôt il recule devant les obstacles et veut abandonner la colonie, pour aller réclamer des secours incertains de la métropole.

Nous aurions désiré de ne pas trouver d’autre blâme à donner à la conduite de Sonthonax ; mais il nous reste à parler encore de quelques mesures qu’il prit.


Le 2 janvier, six jours après sa proclamation du 27 décembre, qui imposait aux capitaines des navires des conditions si dures dans la police du port, lorsque l’escadre anglaise parut, il chargea ces capitaines et leurs équipages de la défense du fort l’Ilet, qui est à son entrée, sous les ordres du capitaine Adelon qui commandait le Las Casas, repoussé du Môle, au mois de septembre. Cet officier avait organisé la défensede ce fort le mieux possible.

Le 1er février, parut une proclamation du capitaine Smith et de Campan, dont le but était de détruire l’influence des propos qui circulaient à Léogane, et qui attribuaient à l’officier anglais d’avoir reçu une somme considérable d’argent, pour le déterminer à devenir l’instrument du massacre des hommes de couleur. En repoussant ces propos avec énergie, Smith les imputait à des stipendiés de Polvérel et de Sonthonax. Dans les Débats, ce dernier avoua qu’il avait effectivement envoyé à Léogane, des émissaires, pour prévenir les hommes de couleur des dangers qu’ils couraient, en semant ainsi la division parmi les ennemis, afin de produire un retour favorable à la république.