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l’une, il lui disait : « Je vois avec la plus grande peine qu’il faut encore quelques corrections martiales[1]. Le temps de la clémence est passé… J’ai donne des ordres pour faire descendre un grand nombre d’Africains des diverses habitations des montagnes pour les travaux. Je les armerai comme je pourrai, et les ferai camper dans les environs de Jacmel, et je ferai main-basse, s’il le faut, sur tous ceux qui oseront chanceler. » Dans une autre, il disait : « Tout est tranquille ici, grâce à mes mesures. Après avoir fait arrêter deux espions que je fis expédier de suite, j’ai dit publiquement que si tout attroupement et toute correspondance avec Léogane ne cessaient dès l’instant, je jurais, sur ma foi de républicain, de marcher avec la légion dans la ville, et de faire une barbe nationale, à défaut de g…(guillotine), à tous les ennemis de la liberté. Craignant que ma menace fût effectuée, un tremblement s’en est suivi, et on eût dit qu’ils tremblaient tous la fièvre quarte. »

Ces lettres prouvent que Besse n’était pas Martial de nom seulement, mais de fait. Nous le retrouverons encore dans la suite de notre histoire nationale, servant de nouveau sous Sonthonax, et ensuite sous H. Christophe.

Mais ajoutons à l’honneur de Sonthonax, d’après Garran, « qu’il im prouva fortement plusieurs des actes de ce commandant, et surtout la multiplicité de ses arrestations et la légèreté avec laquelle il se les permettait. » Autorité suprême, dictatoriale, il avait fait le mal par des mesures peut-être trop révolutionnaires, où le sexe et l’âge n’étaient pas épargnés ; il se voyait contraint lui-même de reculer devant leur application. Saccadant le

  1. C’est dans une de ces corrections martiales, que M. Besse fît fusiller le brave Obran qui avait voulu s’opposer à ses actes arbitraires.