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latte : « Vous parlez de vous replier ; des républicains comptent-ils leurs ennemis ? Nous saurons, nous, mourir à notre poste, et cependant nous ne sommes pas de Saint-Domingue, et la France n’en serait pas moins libre, quand Saint-Domingue serait conquis par les Anglais et les Espagnols. »

À Montbrun, il écrivit le 22 janvier 1794 : « Je ne pense pas, comme vous, qu’il faille attendre les troupes d’Europe pour nous battre. La France a besoin de toutes ses forces pour vaincre ses ennemis. Peut-être aussi fait-elle l’honneur à ses délégués et aux chefs auxquels elle a confié la défense de la colonie, de croire qu’ils sauront par leurs propres forces, conserver leur territoire intact, ou reprendre celui que la trahison aurait pu livrer à l’ennemi ; justifions la confiance de la république. »


Quelle magnanimité, quel héroïsme de la part de ce délégué de la France, qui savait la mort des Girondins et le décret d’accusation porté contre lui et son collègue, comme complices de ces infortunés ! Quelle raison dans sa lettre à Sonthonax, comme dans celles à Chanlatte et à Montbrun ! Comme il devine, pour ainsi dire, tout ce qu’il y a de courage martial dans les hommes de couleur qui semblent s’ignorer eux-mêmes, dans les noirs qui vont être organisés en nombreux régimens, pour combattre les étrangers qui viennent s’emparer de la colonie ! À ses yeux, le résultat de cette lutte n’est pas douteux : les étrangers seront vaincus !…

Remercions Polvérel d’avoir su inspirer à nos devanciers sa noble résolution ; car, en les persuadant qu’ils