à dégager Savary des arrêts qu’il gardait encore ; ce qui eut lieu. Lapointe lui-même tramait aussi !
Escorté par Martial Besse, A. Chanlatte et Lapointe, Sonthonax quitta Saint-Marc, le cœur irrité de toutes les perfidies qu’il y remarqua, et se rendit au Port-au-Prince en traversant l’Arcahaie.
Avec le caractère ardent qu’avait Sonthonax, il était difficile qu’il ne commît pas au moins des imprudences dans un pareil moment. Voyant que des hommes de couleur, tels que Savary et quelques autres, répugnaient à accepter franchement la liberté générale comme la seule mesure de salut pour la colonie, il dit, à ce qu’assurent les traditions du pays, soit à Christophe Mornet ou à Gabriel Lafond, deux noirs anciens libres : « Si j’avais ta peau, j’assurerais pour toujours la liberté des noirs, qui a une foule d’ennemis. » Ce propos, rapporté par ces mêmes noirs aux hommes de couleur de Saint-Marc, déjà disposés à la trahison, leur parut une sorte d’appel à la distinction des couleurs, une excitation à la défiance contre eux.
Un autre événement vint fortifier ces préventions. Presque au même moment où Sonthonax quitta Saint-Marc (il en était parti le 8 novembre), un soulèvement des noirs des environs de cette ville eut lieu. On prétendit que c’était à la suggestion d’une personne qui accompagnait le commissaire. Les noirs menaçaient de se ruer contre les hommes de couleur qui, disaient-ils, ne voulaient pas qu’ils fussent libres. Certes, ils avaient raison de le dire ; car les trames qu’on ourdissait tendaient à les replacer dans l’esclavage. Mais les noirs avaient-ils besoin d’une suggestion pour reconnaître cette coupable intention ? N’étaient-ils pas assez perspicaces pour la découvrir, à travers toutes les menées des blancs contre-révolution-