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favorables pour repousser toute attaque de la part des Anglais, il se borna à s’y tenir sur la défensive en fortifiant encore cette position naturelle. L’incendie du Cap, la perte des munitions de guerre et de bouche qui avait accompagné et suivi la révolte de Galbaud, la guerre extérieure contre les Anglais, maîtres de la mer, la guerre intérieure contre les Espagnols et leurs auxiliaires : tout lui commandait l’inaction sur le point militaire qu’il occupait, et qui pouvait du moins recevoir de l’île de la Tortue, les provisions alimentaires dont il avait besoin pour ses troupes. Il subit néanmoins les plus grandes privations dans ce lieu, il les supporta ainsi que ses braves soldats, avec une constance héroïque ; mais il y recueillit le fruit de son calcul judicieux. Il était si convaincu de sa justesse, qu’il refusa plusieurs fois d’obéir aux injonctions dictatoriales de Sonthonax, qui finit par se rendre à ses objections, fondées sur un ordre de choses que ce commissaire ne pouvait pas entendre comme lui.


Sonthonax s’était fait accompagner par Martial Besse, à la tête d’une cavalerie qui passa par les communes situées entre le Cap et le Port-de-Paix. Brave militaire, mais enclin à tous les genres d’excès, Martial Besse y traça l’exemple des désordres qui s’ensuivirent. En passant au Gros-Morne, Sonthonax appela près de lui A. Chanlatte, de Plaisance où Polvérel l’avait laissé.

À son arrivée aux Gonaïves, il y trouva G. Bleck. Emmenant A. Chanlatte avec lui, Sonthonax éleva Bleck au grade de chef du 1er bataillon de la légion de l’Égalité de l’Ouest, et lui confia le commandement qu’avait Chanlatte.