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Rabel, obéissant toutes encore à l’autorité nationale.

Dès le 6 septembre, le général Lasalle, gouverneur général par intérim depuis la fuite de Galbaud, était parti pour le Port-de-Paix d’où il se rendit à l’île de la Tortue, sous prétexte du délabrement de sa santé. Ce vieillard, effectivement usé par l’âge, les maladies et la boisson, avait reconnu son insuffisance à occuper sa haute position. Il critiquait toutes les opérations des commissaires civils, qui s’étaient vus forcés de ne le charger d’aucune opération, et de se confier à Laveaux seul : il en prit de l’humeur. Etant à la Tortue, il apprit la capitulation du Môle et se porta un moment au Port-de-Paix, avec la prétention de marcher contre cette ville. S’étant retiré de nouveau dans cette petite île, il eut l’indignité d’entamer une correspondance coupable avec le Commodore Ford, dans laquelle il blâmait Sonthonax d’avoir déclaré la liberté générale, en faisant les plus grands éloges de la nation anglaise : sa première lettre était du 29 septembre. La réponse de Ford, du 30, qui l’engageait à se joindre à lui pour chasser les commissaires civils, le porta à lui adresser une seconde lettre, le 5 octobre, pour lui demander un sauf-conduit afin de pouvoir se rendre aux États-Unis. Mais le commodore lui répliqua le 8, en lui refusant cet acte. Le même jour, 8 octobre, Lasalle rendit une proclamation, en sa qualité de gouverneur général, où il désapprouvait officiellement la mesure de la liberté générale (que cependant il avait approuvée au Cap), en la déclarant provisoire, attentatoire à tous les droits de propriété. Il ordonna en outre aux troupes, aux tribunaux, aux citoyens, de méconnaître l’autorité de Sonthonax, etc. Il envoya cette proclamation à Fard qui la fît imprimer au Môle, d’où elle fut répandue