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culières que Polvérel et Sonthonax, livrés à eux-mêmes, se virent obligés de prendre. Elle fut cause d’événemens ultérieurs que nous aurons à signaler.

Mais citons ici les appréciations judicieuses faites par Garran à ce sujet. Président de la commission des colonies qui entendit les colons accusateurs de Polvérel et de Sonthonax, qui entendit ces agens accusés ; rapporteur impartial de ces Débats fameux qui jetèrent un si grand jour sur les premiers temps de la révolution de Saint-Domingue, Garran a été trop bien placé pour juger des effets produits par la séparation des commissaires, pour que son opinion ne soit pas d’un grand poids dans cette question.


« Les commissaires civils étaient formellement autorisés, dit-il, par leurs instructions, à se diviser ainsi, et il se peut que les troubles qui subsistaient encore dans l’Ouest et le Sud, la difficulté des communications par terre de ces deux provinces avec le Nord, depuis l’insurrection des nègres, et l’égalité des soins que les commissaires devaient à toutes les parties de la colonie, leur aient fait considérer cette mesure comme absolument indispensable. Mais elle n’en eut pas moins des suites funestes, surtout dans la province du Nord, et bientôt par contre-coup dans les deux autres. Il ne fallait pas moins que l’autorité réunie de la commission civile et du gouverneur pour mettre un frein aux mouvemens que les agitateurs élevaient sans cesse autour d’eux. Le respect dû aux commissaires civils diminua beaucoup lorsqu’on les vit isolés ; leurs mesures furent ou moins sages ou moins appropriées aux circonstances, parce qu’au lieu d’être le résultat d’une délibération com-