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colons blancs, après de telles dispositions, si la faiblesse de l’esprit humain, si les viles passions qui animent le cœur de l’homme n’étaient pas le partage de cette classe d’hommes aussi bien que des autres. La postérité ne peut les en justifier, lorsqu’on lit l’art. 11 de la capitulation qui semblait imposer au gouvernement britannique, l’obligation de réclamer du gouvernement espagnol les esclaves et les animaux vendus sur son territoire. Cet article seul aurait dû les soulever d’indignation, à l’idée de voir accoler des animaux à leurs malheureux frères. Ne devaient-ils pas comprendre que c’était se ravaler au niveau de Jean François et de Biassou, ces barbares qui ne rougirent pas de renouveler à Saint-Domingue cette pratique des chefs de tribus africaines ? Faut-il cependant, pour nous disposer à une certaine indulgence, nous rappeler que Toussaint Louverture, jusque-là, participait en quelque sorte à ce crime, en restant sous la domination espagnole, en concourant à l’assurer dans le Nord de Saint-Domingue, dans le but évident de rétablir l’esclavage de ses frères ? Lui aussi, ce noir destiné à la célébrité, n’eut-il pas le tort d’encourir volontairement le reproche que nous adressons à la mémoire de ces hommes de couleur qui prirent parti avec les colons ? Qui l’empêchait alors de passer au service de la République française, que représentaient si dignement Polvérel et Sonthonax ?…

Ajoutons à ces observations celle que fait naître le 12º article de la capitulation. Il avait pour objet ce que les colons de Saint-Domingue avaient toujours désiré, — le commerce de cette colonie avec les États-Unis. Mais on voit comment la jalousie de la Grande-Bretagne pour ses anciennes colonies, perce immédiatement. Considérant