Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs sentimens philanthropiques, a puissamment consolidé l’indépendance politique d’Haïti, et même contribué à sa reconnaissance par la France. La commune origine des Haïtiens et des autres noirs, l’identité d’intérêts qui existe entre nous tous, sont un motif pour nous de participer à la joie, au bonheur de ces hommes que la liberté a régénérés.


Le 10 du mois de mai, après la reddition du Port-au-Prince, Polvérel et Sonthonax avaient adressé à la commission intermédiaire, une lettre où ils annonçaient leur intention de convoquer prochainement les assemblées primaires, afin de nommer les dix-huit députés que Saint-Domingue devait envoyer à la convention nationale, selon les dispositions du décret du 22 août 1792 : l’affaire de Galbaud avait ajourné cette convocation. Mais après sa proclamation du 29 août, Sonthonax convoqua les assemblées primaires des paroisses du Nord, qui envoyèrent au Cap les membres de l’assemblée électorale. Celle-ci élut, les 25 et 24 septembre, sous l’influence de ce commissaire, deux députés blancs, deux mulâtres et deux nègres pour la province du Nord. Ce furent Dufay et Garnot, parmi les premiers ; Mills et Boisson Laforêt, parmi les seconds ; Jean-Baptiste Belley et Joseph Georges, parmi les derniers.

Dufay avait été, dans l’ancien régime, brigadier dans les gardes du corps du roi, avant de venir habiter Saint-Domingue. Dans l’expédition de Sayannah, il avait commandé une compagnie de mulâtres et nègres libres : ce qui peut expliquer ses opinions favorables à cette classe d’hommes et à celle des esclaves ; il avait pu reconnaître leur bravoure et leur aptitude à défendre la colonie