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plus parfaite entre eux passait de la loi dans le domaine des faits. De leur côté, les hommes de couleur sentirent plus que jamais la convenance de leur attachement à la métropole, dont les représentans avaient proclamé leurs droits politiques, dont les agensen assuraient le triomphe. Ils restèrent fidèles à la France ; ils défendirent sa colonie contre les blancs colons réunis aux Anglais et aux Espagnols ; mais nous verrons plus tard si la France sut apprécier leur fidélité et leur dévouement.


On conçoit que si la classe des hommes de couleur dut être satisfaite de la dissolution de l’assemblée coloniale et des autres corps populaires, comme de la formation de la commission intermédiaire, il n’en était pas de même des blancs, et surtout de ceux qui étaient membres de ces assemblées. Leurs intrigues recommencèrent immédiatement, d’accord avec les agens du gouvernement colonial, Cambefort, Touzard et autres. Ces derniers travaillèrent l’esprit du régiment du Cap et du régiment de Walsh, et essayèrent de propager l’indiscipline parmi les autres troupes venues avec les commissaires civils. Mais, comme le remarque Garran, à propos de l’assemblée coloniale : « indépendamment même des lois du 4 avril et 22 juin qui les autorisaient à la dissoudre, il eût été bien étrange qu’on eût conservé à Saint-Domingue, durant l’existence de la convention nationale, un corps formé par une caste privilégiée, qui, prétendant avoir la législation exclusive pour l’intérieur de la colonie, n’avait jamais cessé de lutter contre la volonté nationale, et qui, de son aveu même, ne s’était soumis à la loi du