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beaucoup de force, comme tout ce que faisait Polvérel, ne contient que des exhortations patriotiques et des développemens que la politique s’honorerait d’avouer… Il y présage l’heureuse époque où, « par une grande révolution en faveur de l’humanité, révolution telle que la paix ni la guerre ne sauraient en arrêter le cours… cessant de calomnier la race africaine, on commencera à croire qu’aux Antilles, comme partout ailleurs, la terre peut être cultivée far des mains libres ; et les colons à qui il resterait des esclaves éclairés sur leurs véritablés intérêts, se coinvaincront par des calculs exacts, que la culture par des mains libres, moyennant salaire ou moyennant une portion déterminée des fruits, est moins coûteuse et plus productive que la culture par des esclaves ; alors, ils donneront, à l’envi les uns des autres, la liberté à leurs ateliers et fonderont l’espoir de leur opulence, non sur l’esclavage, mais sur des conventions libres, qui détermineront d’une part l’engagement au travail, de l’autre le prix et les conditions du travail. » Polvérel annonce au surplus, ajoute Garran, que « les commissaires civils ayant reçu des pouvoirs plus étendus de la convention nationale et du pouvoir exécutif, ils vont s’occuper d’un nouveau règlement qui temperera, à l’égard des esclaves, la rigueur des dispositions excessives indiquées par le code noir, et qui, par le bien-être qu’il leur assurera, les mettra presque au niveau des hommes libres. »


Polvérel et Garran lui-même jugeaient trop favorablement, et des colons et des gouvernemens qui se succéderaient dans leur pays. Oui, cette grande révolution dans l’intérêt de l’humanité s’est opérée, malgré tous les obs-