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dans les produits de la culture, des portions de terrains sur les habitations pour être cultivés on vivres à leur profit, même des concessions sur les terres non occupées du domaine public, ils ne pouvaient pas concevoir l’idée d’exproprier les propriétaires de toutes couleurs dans la colonie. Cependant, ce plan une fois jeté en avant, avec la perspective pour les noirs d’avoir trois chefs pris dans leurs rangs, devenait un grand embarras. Polvérel dut concevoir l’espoir de le déjouer par la fermeté dans les résolutions de la commission civile, et par l’intérêt même des propriétaires qui les porterait à s’y rallier. Il croyait qu’elle pouvait compter sur le concours de la classe de couleur, déjà prépondérante et influente dans toutes les provinces de la colonie. Son espoir ne fut pas trompé, et Sonthonax le partagea entièrement.

Avant de parler des mesures qu’ils prirent chacun dans leur sphère d’activité, remarquons le rapprochement que l’histoire de notre pays nous permet de faire, à l’occasion du triumvirat projeté par les royalistes français et les Espagnols, et ce qui devait s’ensuivre. On y voit mentionner le nom du vicomte de Fontanges, ce royaliste qui, après l’organisation du cordon de l’Ouest et du conseil de paix et d’union à Saint-Marc, s’était éloigné de la colonie. Cet homme et ses adhérens devaient être appelés pour présider à l’exécution de ce plan contre-révolutionnaire. Le destin le rappela un jour, comme chef d’une mission royaliste, pour tenter la restauration de l’autorité souveraine de la France sur Haïti ; mais en 1816 comme en 1793, il échoua devant des événemens accomplis, en s’adressant à un chef qui réalisa les idées de Polvérel, dans les proclamations que nous allons citer de ce commissaire civil. Les propriétés des colons français