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des terres en propriété, suffisantes à leur honnête subsistance et à celle de leurs familles. Mais dans le plan du triumvirat, il s’agissait de proclamer immédiatement l’affranchissement général de tous les esclaves, et de plus, de leur distribuer toutes les propriétés à titre de vente, en évinçant tous les propriétaires. Pour mieux les capter, l’Espagne offrait l’abandon du territoire de trois vastes communes de sa colonie.

Certes, il est permis de croire que ni l’Espagne, ni les royalistes français n’étaient sincères dans ces promesses ; leur but était d’anéantir le pouvoir des commissaires civils, en détruisant le prestige qui leur donnait une si grande autorité sur les noirs. Ils se réservaient de reprendre leur ascendant sur ces masses, à l’aide des forces combinées que l’Espagne et la Grande-Bretagne allaient jeter à Saint-Domingue. Mais, en attendant, la propriété ayant infiniment plus d’attraits que la liberté, pour tous les hommes, et surtout pour ceux dont les idées sont bornées, le plan des ennemis de la république devait produire un immense effet sur l’esprit des noirs. À bien considérer les choses, la propriété seule peut réellement rendre l’homme libre, par l’indépendance individuelle qu’elle lui procure dans l’état social ; car, dans les relations qui existent, par le travail, entre l’ouvrier et le propriétaire, ce dernier tend souvent à abuser de sa position ; de là, la dépendance, la sujétion du prolétaire.

Quel était donc le moyen qui restait aux commissaires civils, pour déjouer les combinaisons perfides des ennemis de la France ? Le même que celui qu’ils employaient : il n’y avait pas à hésiter. En effet, quel que fût le désir de ces commissaires de n’arriver que graduellement à la liberté générale des esclaves, de leur assurer une part