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projet, ainsi rédigé, ne pouvait pas être l’œuvre de ces hommes. Au Mirebalais, il fut également accepté : un député fut envoyé de là auprès du gouverneur espagnol. Le marquis D’Espinville, grand propriétaire de ce quartier, y était l’âme de ces machinations, d’accord avec ce gouverneur. D’Espinville s’était mis en correspondance avec Jean Pineau, chef des noirs insurgés de la montagne des Crochus, située entre le Mirebalais et le Port-au-Prince ; il correspondait également avec Hyacinthe, au Cul-de-Sac[1].

Agissant avec la plus grande résolution, Polvérel fit arrêter les deux Guyambois qu’il envoya dans les prisons de Saint-Marc, où l’esprit public n’était pas meilleur. Il rassembla les noirs et tous les habitans, et par de chaleureuses allocutions, il leur fit prêter serment de fidélité à la République française et de combattre les rois. Quelques mesures militaires eurent ensuite pour effet de procurer du calme sur les deux rives de l’Artibonite. Arrivé bientôt à la Croix-des-Bouquets, il fit encore arrêter Hyacinthe et quelques-uns de ses complices qu’il envoya dans les prisons du Port-au-Prince, pour être jugés par un conseil de guerre qu’il avait établi.


Toutefois, la découverte du projet de triumvirat formé entre J. Guyambois, Biassou et Jean François, fut pour Polvérel un sujet de sérieuse réflexion. Sonthonax et lui, par leur proclamation du 21 juin, avaient bien donné la liberté aux esclaves qui combattaient pour la république ; ils avaient bien annoncé leur projet de la donner graduellement aux autres, en promettant à tous de leur délivrer

  1. Encore un autre marquis de Saint-Domingue à signaler !