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exerçaient la plus grande influence sur les agitations des ateliers de l’Artibonite, du Mirebalais et du Cul-de-Sac, par leur entente avec Hyacinthe. Un ancien affranchi, du nom de Jean-Jacques Laplaine, qui avait figuré aussi au traité de paix et d’union de Saint-Marc, et qui alors était membre de la municipalité de la Petite-Rivière, s’entendait également avec les royalistes.

Le plan de la conspiration consistait en six points, suivant une lettre de Polvérel à Sonthonax, du 26 août : « 1o  Jean Guyambois, Biassou et Jean François devaient être les trois chefs de la colonie ; 2o  ils devaient traiter avec le gouvernement espagnol ; 3o  ce gouvernement devait céder tout le territoire de San-Miguel, de Saint-Raphaël et de Hinche ; 4o  la liberté universelle des esclaves serait proclamée ; 5o  J. Guyambois, à la tête de son armée, devait mander dans son camp tous les propriétaires et tous leurs créanciers, les premiers, pour distribuer aux nègres toutes les propriétés à titre de vente, les seconds pour accepter des délégations de leurs créances sur les nouveaux propriétaires ; ceux-ci se seraient engagés à payer annuellement les intérêts et une portion du capital dont leurs propriétés demeureraient grevées ; 6o  Fontanges (venu à Haïti en 1816) et ses adhérens devaient être rappelés dans la colonie. Ainsi, le grand protecteur Guyambois devait terminer, sans effusion de sang, toute guerre intestine et étrangère. »

Quand Polvérel arriva dans l’Artibonite, les deux Guyambois avaient eu déjà des entrevues, soit avec Biassou, soit avec deux de ses officiers. Concertant tout avec Biassou, J. Guyambois fît assembler les habitans de la commune de la Petite-Rivière et leur fît donner lecture du projet de triumvirat, qui fut accepté par eux. Un tel