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vention est trop juste, trop amie de l’humanité, pour ne pas proclamer les grands principes. La déclaration des droits ne lui permet plus de tolérer que l’homme puisse être la propriété d’un autre. Les négriers et les rois doivent être mis sur la même ligne ; qu’ils cessent de tyranniser ; qu’ils abandonnent leur proie, ou bien qu’ils disparaissent de dessus la surface du globe.

Je ne vous dirai rien, citoyens représentans, du nouveau système colonial qui doit amener la liberté. Je vous dois le tribut des faibles lumières que m’a données l’expérience de Saint-Domingue ; mais c’est de concert avec mes collègues, et lorsque la guerre nous permettra de nous réunir, que nous rédigerons ensemble le plan que nous devons vous présenter. »

Nous remarquons un autre passage dans cette dépêche. En parlant de la cérémonie du 14 juillet, Sonthonax dit à la convention : La présence du prêtre na point souillé la cérémonie. Cette observation, faite pour plaire aux athées de la convention, prouve aussi de la part de Sonthonax cette facilité trop grande à s’assouplir à toutes les formes, pour arriver à ses fins. Ce langage était sans doute celui du temps, de cette époque d’excès en tous genres. Mais le même commissaire civil qui le tenait, employait alors l’influence de l’abbé de La Haye, ancien curé du Dondon, pour tâcher d’amener les chefs insurgés à la soumission. Esprit éclairé, il n’ignorait pas de quel poids est la religion dans les affaires humaines ; et lorsqu’il voyait les Espagnols employer son influence sur l’esprit des insurgés, qu’ils détournaient de toute soumission à son autorité, en représentant la nation française comme un peuple d’athées et de régicides, à quoi bon mentionner dans sa dépêche cette absence de tout prêtre,