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Neuilly pour les faire parvenir à Biassou. Mais le 25, Neuilly, de son côté, leur avait adressé une copie de l’ordre que Galbaud lui avait donné pour les arrêter, et qu’il avait transmis à divers commandans sous ses ordres, notamment celui du Gros-Morne. Les commissaires lui répondirent le 24 ; et jugeant bien de ses dispositions à la défection, par ses relations antérieures avec César Galbaud dans sa tournée des postes, et par d’autres faits qui avaient motivé les soupçons de ses troupes sur sa fidélité, depuis le commencement de l’année, ils envoyèrent l’ordre, le 24 même, à Barrière, pour opérer son arrestation. Le 26 juin, Neuilly passa aux Espagnols.

Il est plus que probable que Biassou et Toussaint connaissaiant les menées de cet officier, quand ils lui adressèrent la déclaration que nous venons de rapporter.

Toutefois, trois jours après cette déclaration, le 28 juin, Biassou et Jean François adressèrent une lettre aux commissaires civils où ils déclaraient qu’ils étaient Français, et qu’ils allaient bientôt se soumettre à leur autorité. Mais le 6 juillet, ils écrivirent à l’abbé de La Haye, chargé d’entrer en communication avec eux :

« Nous ne pouvons nous conformer à la volonté de la nation, vu que depuis que le monde règne, nous n’avons exécuté que celle d’un roi. Nous avons perdu celui de France ; mais nous sommes chéris de celui d’Espagne, qui nous témoigne des récompenses et ne cesse de nous secourir. Comme cela, nous ne pouvons vous reconnaître, commissaires, que lorsque vous aurez trôné un roi. »

Cette réponse de leur part prouve une chose : c’est