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moyens. Josuah Barney, citoyen des États-Unis, s’y prêta surtout de la meilleure volonté : il livra toutes les provisions qu’il avait à bord de son navire, et n’en fut payé que longtemps après, en assignats dépréciés de leur valeur en France. Ce trait, qui fait honneur à cet homme, mérite qu’on signale son nom à la reconnaissance de la postérité. Plus tard, il fut chargé par le gouvernement fédéral d’offrir à la convention nationale un drapeau des États-Unis en signe de sympathie pour la France ; et ce drapeau flotta à côté de celui de la France dans la salle de la convention. J. Barney devint ensuite citoyen français.

Enfin, le 4 juillet, les commissaires civils rentrèrent au Cap où ils s’installèrent : ils réinstallèrent aussi les autorités constituées, en opérant des changemens parmi les membres de la commission intermédiaire, en destituant ceux de la municipalité et d’autres fonctionnaires qui avaient pris une part plus ou moins active à la révolte de Galbaud : d’autres étaient partis avec lui, plusieurs avaient péri dans la catastrophe de la ville, d’autres encore avaient donné leur démission. Les commissaires nommèrent à toutes les fonctions des hommes sur lesquels ils pouvaient compter, pour les assister dans l’œuvre de restauration complète de leur autorité et de l’ordre public.

Nous allons voir, dans le chapitre suivant, la suite de leurs opérations pour tâcher de gagner à la cause de la République française les chefs des noirs insurgés, et ce que de nouveaux événemens exigèrent d’eux.

Mais, avant d’y passer, constatons par quelques paroles de Sonthonax, prononcées dans les Débats qui eurent lieu entre lui et les colons accusateurs, à quelles causes il