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tions, et envoyé l’ordre au général Lasalle de venir au Cap, pour y reprendre l’intérim du gouvernement : il arriva au camp Breda dans la soirée du 22. Mais ce vieillard ne put leur être d’aucun secours. Dans un écrit qu’il publia ensuite en France, intitulé Tableau de la vie militaire du général Lasalle, il prétend qu’en passant à Saint-Marc, « Savary, citoyen de couleur, maire de cette ville, lui dit en particulier qu’il avait de grandes alarmes sur le compte de Chanlatte (Antoine) qui entretenait des correspondances étroites avec les chefs des nègres insurgés, et qu’il craignait que cet homme remuant ne perdît la colonie…» Quoique cet écrit de Lasalle fourmille de faits inexacts et même mensongers, nous sommes porté à ajouter foi à ce propos de Savary, jaloux de toutes les supériorités parmi ses frères de couleur ; car sa conduite postérieure a justifié ses mauvais sentimens à l’égard des noirs, qu’il aurait voulu voir maintenir éternellement esclaves.

En donnant la liberté à ceux qui les aidèrent à chasser Galbaud du Cap, Polvérel et Sonthonax n’entendaient pas leur permettre d’y continuer le désordre, non plus qu’aux mulâtres et aux blancs restés dans cette ville. Le 26 juin, ils y publièrent une nouvelle proclamation ainsi conçue :


Les traîtres, les conspirateurs, les contre-révolutionnaires sont partis : ils emportent avec eux l’exécration de la colonie ; leurs partisans sont dissipés et anéantis : il est temps que les traces de leurs crimes s’effacent ; que ce qui reste de bons citoyens dans la ville du Cap se réunisse pour repousser ceux qui ne se plaisent que dans le meurtre, l’incendie et le pillage.

Dans ces circonstances, les commissaires ont ordonné et ordonnent ce qui suit :

Art. 1er. Déclarons en état de révolte contre les lois et les ordres