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un grand dîner aux habitans du Cap à l’occasion de leur retour. Ils étaient dans la plus parfaite quiétude, par la soumission des deux Galbaud embarqués le 12 et le 13 : ils ne prirent aucune mesure de défense.


Durant la nuit du 19 au 20, l’ex-gouverneur se laissa entraîner par tous les déportés et par l’exaltation des matelots : il se persuada qu’avec de telles dispositions, son triomphe était certain. Peut-être même fut-il le moteur de cette exaltation.

Le 20, Galbaud émit une proclamation par laquelle il reprit son titre de gouverneur général et appela les équipages de tous les navires à le seconder, pour expulser les commissaires civils de la colonie. Il se transporta avec son frère à bord de tous ces bâtimens où il fit lire sa proclamation et la commission qu’il tenait du conseil exécutif : le vaisseau l’America fut le seul où il n’alla pas. Il fit mettre en liberté tous les déportés. Tous les équipages adhérèrent au mouvement. Le signal pour la descente à terre fut fixé à deux heures de l’après-midi. Durant la journée, de nombreux habitans blancs du Cap se rendirent auprès du gouverneur, pour le conjurer de sauver la ville de la fureur des commissaires civils et des mulâtres, disaient-ils. Dès 10 heures du matin, les marins avaient embossé les navires de guerre contre la ville : leurs officiers prirent parti avec eux.

À trois heures et demie de l’après-midi, les deux Galbaud descendirent à terre, à la tête de trois mille hommes : ils ne trouvèrent aucune résistance. Un ancien royaliste nommé Gauvain, qui avait été membre de l’assemblée coloniale, se porta à leur rencontre avec environ deux cents hommes de la jeunesse du Cap qui avait figuré lors