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saient aussi dans les combats. Dans l’Ouest et dans le Sud, elle était suspendue depuis que Roume et Blanchelande s’y étaient transportés ; mais la paix n’existait pas entre les affranchis et les blancs : une méfiance mutuelle était dans tous les cœurs ; beaucoup de colons avaient émigré à l’étranger, les cultures souffraient partout.

Roume avait quitté Saint-Marc le 21 septembre, pour se rendre auprès des nouveaux commissaires. Il arriva au Cap le 25. En leur donnant tous les renseignemens qui pouvaient leur être utiles, il s’offrit de rester encore dans la colonie pour servir sous leurs ordres. Mais ses offres ne furent pas agréées, parce que, selon leur coutume, les membres du côté Ouest de l’assemblée coloniale, qui affectaient un grand attachement à la révolution, avaient déjà réussi à circonvenir les commissaires, en le représentant comme d’intelligence avec les membres du côté Est, Blanchelande et tous les autres agens du gouvernement colonial, tous partisans de l’ancien régime et de la contre-révolution. Roume dut donc partir du Cap, le 5 octobre, pour se rendre en France.

Blanchelande avait obtenu son rappel, les instructions du roi le disent. L’arrivée d’un nouveau gouverneur général devait amener son départ pour la France. Mais on vit alors les deux côtés de l’assemblée coloniale se réunir pour le dénoncer, l’accuser de toutes les fautes causées par sa faiblesse, par sa condescendance même pour cette assemblée : ils lui imputèrent tout à crime. L’assemblée provinciale et la municipalité du Cap se joignirent à ces accusateurs ; la garde nationale y fît chorus.

En ce même temps, Cambefort, Touzard, Rouvray et les autres chefs ou officiers du parti royal, circonvenaient d’Esparbès, dont ils avaient obtenu la dispersion des