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« Je suis chargé de leur dire que leur félicité ou leur dernière et irrémédiable ruine dépend d’eux-mêmes et de leur gouverneur… M. le général Galbaud, étant une personne caractérisée par ses connaissances militaires, sa prudence et sa politique…, M. Galbaud, faisant sans doute usage de ses talens et de ses sublimes connaissances, réfléchira sur sa position critique et sur le parti le plus sage et le plus convenable qu’il doit prendre… »

Cet acte d’un ennemi voisin des frontières françaises éclaira les commissaires civils sur les manœuvres qui se tramaient par le gouverneur, qui avait déjà envoyé son frère visiter les postes placés sur ces frontières. Ces commissaires, voyant Galbaud s’opposer au départ de la flotte qu’ils voulaient envoyer en France, reconnurent alors la nécessité d’avoir une explication avec lui, afin de s’assurer s’il était réellement décidé à ne pas obéir à leurs réquisitions. Sa réponse fut affirmative sur ce point, tant verbalement que par écrit ; il leur déclara qu’il ne pouvait se regarder comme l’instrument passif des commissaires civils. Ceux-ci l’interpellèrent sur la question relative à sa qualité de propriétaire : il ne put leur fournir des preuves écrites que le conseil exécutif avait passé outre sur cet obstacle opposé par la loi du 4 avril ; et il les pria alors de faire exécuter cette loi à son égard, et de l’autoriser à s’embarquer avec sa femme et ses enfans.

Sa lettre du 12 juin à ce sujet montre moins de soumission à la loi que de faiblesse dans le caractère. Après avoir dit aux commissaires civils que son frère obéira sans difficulté aux ordres qui lui seront donnés de retourner en France, il ajoute : « Quant à moi, citoyens, je vous supplie de nouveau de me permettre de repasser en France ; je ne puis être d’aucune utilité dans la colonie ; j’aime