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dévoués à la mère-patrie et résolus à défendre sa colonie contre ces hommes qui machinaient sa remise à la Grande-Bretagne, ils pouvaient, ils devaient ne tenir aucun compte de leur froideur. L’autorité supérieure doit toujours éviter de montrer le caractère de chef de parti, qui blesse, qui irrite les opposans.

La municipalité, la commission intermédiaire et Galbaud lui-même vinrent aussi au-devant des commissaires civils. Les batteries des forts et des vaisseaux saluèrent leur entrée. Ils se rendirent dans la salle des séances de la commission intermédiaire où ils furent officiellement complimentés.

Aussitôt leur arrivée, des rapports circonstanciés leur parvinrent sur les relations de Galbaud avec le parti qui était hostile à commission civile. On lui imputait d’avoir dit qu’il n’entendait pas être l’instrument passif de ses volontés et qu’il n’obéirait pas aveuglément à ses réquisitions. D’autres propos moins excusables étaient imputés à César Galbaud, frère du gouverneur général, qui, nommé adjoint pour la Martinique, l’avait cependant suivi à Saint-Domingue et y exerçait déjà ses fonctions.

Galbaud, en effet, avait déjà envoyé son frère visiter tous les postes de la frontière espagnole qui couvraient la province du Nord contre les entreprises des noirs insurgés, déjà gagnés à la cause de l’Espagne par suite des instructions données à Don J. Garcia. C’est dans cette tournée, c’est en se mettant en communication avec les chefs de ces postes et ceux des postes espagnols, pour préparer la défection des premiers, qu’il revint au Cap où il tenait les propos qu’on lui imputait.

De son côté, le gouverneur général, tout en écrivant aux commissaires civils les lettres dont nous avons parlé,