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Marc avant d’aller au Port-au-Prince, avaient écrit une lettre à la commission intermédiaire, le 29 mars, pour menacer ces factieux.

D’après tous ces précédens, d’après les diverses lettres de Galbaud lui-même, Polvérel et Sonthonax sentirent fort bien qu’ils devaient s’appuyer sur les hommes de couleur qui, avec les troupes européennes présentes dans la colonie, étaient la seule force sur laquelle ils pouvaient compter. « Les uns et les autres, dit Garran, avaient seuls défendu Sonthonax dans l’émeute du mois de décembre 1792, eux seuls avaient marché avec les commissaires civils pour soumettre les factieux du Port-au-Prince et de Jacmel. »

Ils se firent accompagner d’un détachement assez nombreux d’hommes de couleur, et de celui que Sonthonax avait amené à Saint-Marc. Antoine Chanlatte, colonel de la légion de l’Egalité, les commandait.

Leur entrée au Cap eut lieu le 10 juin. Ceux qui les escortaient et qui venaient de les aider à triompher des ennemis de l’autorité nationale, montrèrent de la joie, surtout en voyant des hommes, des femmes et des enfans de couleur, accourir au-devan des commissaires pour les féliciter de leurs succès et de leur retour. Ce sentiment était bien naturel : il était de plus honorable, tant pour les représentans de la France, que pour ceux qui le manifestaient ; il donna à leur entrée l’appareil d’un triomphe. Nous concevons cependant ce que nous trouvons écrit dans le rapport de Garran : que les commissaires civils ne surent pas se refuser aux démonstrations de leur joie (de leur joie personnelle), en voyant le sérieux glacé des blancs qui contrastait si fortement avec les acclamations de la classe de couleur ; car quoique