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quartiers isolés avaient imaginé le plan d’organisation d’un conseil d’administration dont le siége fut placé dans la ville de Jérémie et qui fut approuvé par l’assemblée coloniale. Comme on l’a vu, ce conseil dirigeait toutes les affaires publiques dans ces deux quartiers, et finit par établir des impôts sur les habitans pour subvenir aux dépenses qu’elles occasionnaient. Ce conseil était une véritable confédération dont ils prirent l’idée, ou dans la confédération de Léogane, formée en 1790 contre le comte de Peinier, ou dans celle de la Croix-des-Bouquets, en 1791, entre les hommes de couleur et les blancs contre-révolutionnaires.

Aussitôt l’arrivée de Galbaud au Cap, qui vint ranimer l’espoir des colons de se défaire des deux commissaires civils, la municipalité de Jérémie s’empressa de lui envoyer une adresse, le 19 mai 1793, portée par une députation. Elle se plaignait à lui d’une lettre reçue des deux commissaires, datée de Jacmel le 14 mai. Elle lui disait :

« Citoyen gouverneur, vous paraissez sur nos bords, l’espérance renaît dans nos cœurs ; et c’est de vous que la trop infortunée colonie de Saint-Domingue attend son salut… La Grande-Anse vous demande protection et justice… La résistance à l’oppression est, vous le savez, un des droits imprescriptibles de l’homme ; jamais l’oppression fut-elle mieux caractérisée que par cette étonnante lettre du 14 mai ? Elle tend à nous livrer sans armes à nos ennemis de toute espèce, dans un moment où, repoussés si souvent de nos frontières, ils y reparaissent à la fois de toutes parts… Nous renonçons authentiquement au bénéfice de l’article 2 de la déclaration des droits de