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côté Ouest de cette assemblée qui dominait alors, et qui représentait l’esprit de l’ancienne assemblée de Saint-Marc, ils persistèrent dans leurs vues qui étaient toujours de parvenir à l’indépendance de la colonie, ou de la livrer à la Grande-Bretagne, s’ils ne pouvaient effectuer le premier projet.

Les quartiers de la Grande-Anse et de Tiburon avaient parmi leurs habitans plusieurs colons d’une grande habileté pour l’intrigue et fort capables d’ailleurs : de ce nombre étaient J.-B. Millet, Thomas Millet et Page, Page surtout qui a joué un rôle remarquable soit à l’assemblée coloniale du Cap, soit à Paris, en qualité de commissaire de cette assemblée près de l’assemblée législative et de la convention nationale. Nous en avons dit assez de choses qui prouvent sa capacité.

Dès les premiers momens de la lutte armée des hommes de couleur contre les colons, ceux du quartier de la Grande-Anse prirent les armes en même temps que ceux de l’Ouest, à la fin du mois d’août ou dans les premiers jours de septembre 1791. Leurs chefs principaux étaient Noël Azor, les deux frères Lafond, les deux frères Lepage, les deux frères Blanchet, tous hommes éclairés et riches propriétaires. Ils furent avisés des dispositions prises dans la réunion qui eut lieu le 21 août chez Louise Rateau, par Jourdain, Gérin, Baptiste Marmé et Eliacin Dubosc qui y assistaient, et qui quittèrent immédiatement le Port-au-Prince pour se rendre au Petit-Trou.

En s’armant pour revendiquer leurs droits, comme leurs frères de l’Ouest et des autres paroisses du Sud, ils portèrent leurs forces dans les cantons du fond d’Icaque, du Grand-Vincent, des Roseaux et plus particulièrement du fond des Halliers, dépendant de Jérémie ou du Corail.