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C’en est assez pour faire apprécier la capacité politique de J. Raymond ; et si nous avons fait ces citations, c’est pour avoir le droit d’examiner la conduite qu’il a tenue ensuite, comme l’un des membres d’une nouvelle commission civile envoyée à Saint-Domingue. Nous verrons alors pourquoi il s’entendit si bien avec Toussaint Louverture.


Pendant que Polvérel et Sonthonax se préparaient à aller à Jacmel pour y assurer la complète exécution de la loi du 4 avril, le général Galbaud arriva au Cap.

Ils partirent pour Jacmel où ils renouvelèrent toutes les autorités constituées. Peu d’habitans de cetie ville furent déportés par eux, parce que déjà, comme nous l’avons dit, les principaux factieux avaient pris la fuite.

De retour au Port-au-Prince à la fin de mai, et apprenant que des intrigues se formaient au Cap, depuis l’arrivée de Galbaud, ils renoncèrent au projet qu’ils avaient conçu de se rendre dans la province du Sud et particulièrement dans le quartier de la Grande-Anse dont l’esprit restait toujours insoumis. Ils se virent alors obligés de charger une délégation d’y aller à leur place : elle était présidée par Pinchinat, ayant pour collègues Albert et Nicolas Delétang, deux des secrétaires de la commission civile. André Rigaud, qui était venu des Cayes au Port-au-Prince, reçut le commandement de quelques centaines d’hommes pour appuyer la délégation.

    révolutionnaires qui ont soulevé les esclaves ; et dans son projet de proclamation, il impute cette révolte à ces derniers, il leur reproche les crimes qu’ils ont commis. Si les affranchis n’avaient pas pris les armes, est-ce que leurs droits auraient été reconnus ? Les affranchis ne commirent-ils pas aussi des crimes affreux ? Propriétaire d’esclaves lui même, l’intérêt, la cupidité l’aveuglaient comme les blancs.